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  • Photo du rédacteurCorine Depeyrot

Etre vrai , cela s' apprend

Dernière mise à jour : 28 avr. 2022



Sincérité versus cafouillage


Être sincère ne se résume pas à exprimer toutes ses pensées. C’est une quête qui passe d’abord par l’introspection, l’honnêteté envers soi-même. Un chemin parfois difficile mais tentant, parce qu’il mène à plus de force et de légèreté.


Isabelle, graphiste en quête d’emploi, garde un souvenir mémorable de son dernier passage chez un recruteur. « À un moment, le DRH m’a regardée droit dans les yeux et m’a demandé : “Quelles compétences particulières pouvez-vous apporter à mon client ?” Je ne m’attendais pas à cette demande. J’ai alors senti une boule se former dans mon ventre. Mille réponses s’entrechoquaient dans ma tête, et j’ai bredouillé que je connaissais bien l'univers graphique de client, ce qui est totalement faux ! »

Désormais, Isabelle redoute d’être convoquée pour un deuxième entretien, alors même qu’elle devrait l’espérer.


Combien de fois nous prenons-nous ainsi les pieds dans le tapis ? Combien de fois, pour éviter l’inconfort d’assumer nos failles (ou nos talents !), nous retrouvons-nous en porte-à-faux avec nous-même ?


D’ ailleurs, qu’aurait pu répondre Isabelle ? Sa vérité du moment, à savoir qu’elle n’avait pas pensé à une telle question ? Aurait-elle dû se raccrocher aux compétences qu’elle peut nommer – son originalité, sa connaissance du monde de l' entreprise ? … –, mais qui n’ont pas de quoi bluffer un recruteur ?

Sa vérité, à ce moment-là, se situait probablement entre ces deux options : montrer qu’elle était déstabilisée et s’appuyer sur ce qu’elle connaît d’elle.


Tout dire ?


Aujourd’hui, l’injonction collective à tout dévoiler de soi laisse penser qu’ être vrai revient à « tout » dire. Que la révélation totale suffit à faire de vous quelqu’un d’aimable. Suffit-il de révéler tous ses sentiments, ses ressentis pour faire avaler la pilule à l' autre ?


Dans nos relations quotidiennes, est-il possible d’être totalement transparent aux autres ?


« Il serait naïf de le penser, avancent des professeurs de psychologie. Nous formons notre identité en élevant des barrières par rapport aux autres. Nous nous construisons entre le dit et le non-dit.

Quelqu’ un de “totalement vrai”, quelqu’un qui n’aurait pas de frein entre son discours intérieur et son discours verbal, c’est quelqu’un qui n'aurait pas intégré une différenciation entre son Soi et les autres »


Un sentiment d’intégrité


L ’authenticité dans la communication est toujours une recherche, un compromis entre ce que l’on veut exprimer et ce que l’on pense acceptable pour l’autre.


« Etre vrai, ce n’est pas dire tout ce que l’on pense. Mais c’est ressentir et penser tout ce que l’on dit. »


Cette aptitude se travaille. Cela s'appelle la « congruence ».


Particulièrement nourrissante pour l’individu et la relation, cette qualité s’atteint lorsqu’ il y a concordance entre ce que je ressens, ce dont je prends conscience, et ce que j’exprime à l’autre.


Un parallélisme et un équilibre presque parfaits qui me donnent mon intégrité.

Comprendre quel' on peut tout dire aux autres. À condition de prendre un temps pour soi afin de trouver les clés sur la manière dont on va l’exprimer.


Être honnête avec soi


Impossible d’être authentique, donc, si l’on ne l’est pas d’abord avec soi-même.


Si l’on n’est pas à l’écoute profonde, sans fard, de ses films intérieurs que l’on veut bien regarder… en version originale. Nos colères dévastatrices, avec leurs images cruelles en Technicolor ? Nos angoisses rampantes ? Telles sont sans doute les parts de soi les plus difficiles à accepter pour tout à chacun. Comme l’ont montré les plus grands psychanalystes – Freud, Jung… –, tant de zones de nous-même nous dérangent et nous restent opaques !


Nos traumatismes refoulés, nos désirs inconscients, notre « ombre » surtout, ces sentiments négatifs et désagréables – honte, peur ou mépris – que nous ne voulons surtout pas regarder par crainte qu’ils nous détruisent.

Ce sont eux les réels obstacles à notre quête d’authenticité. Mais ces obstacles ne sont pas insurmontables. Plus d’introspection, de connaissance de ses propres sentiments facilitent forcément une « vraie rencontre » avec soi d'abord d'abord, avec l’autre ensuite.


Et même si l’on n’a pas appris à le faire dans son milieu d’origine, il n’est jamais trop tard pour apprendre une telle « grammaire relationnelle » en compagnie de ses propres enfants.


Car s’il y a un bonheur à être vrai, ce n’est pas d’abord pour obéir à un dogme, à des modes glanées ici ou là. C’est parce que cela enrichit et simplifie nos vies.

Enrichissement de pouvoir vivre intensément nos sentiments, d’exprimer notre être profond, de pouvoir réinventer chaque jour nos relations.

Et simplicité de pouvoir se présenter sans fard ni hypocrisie, donc sans charge sur les épaules.

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